Mon histoire commence au mois d'avril 1980.
Comme tous ceux qui souffrent de la maladie de Crohn ou d'une colite ulcéreuse, j'ai commencé par visiter
les toilettes de plus en plus souvent. Lorsque j'ai réalisé qu'il y avait du sang dans mes selles, j'ai décidé de
consulter un médecin. Après avoir subi différents tests, je me suis fait dire que je souffrais de la maladie de
Crohn. Durant la première année, j'ai perdu beaucoup de poids. À deux occasions j'ai dû être hospitalisé
car j'ai développé des abcès péri-anaux. Lors de mon second séjour à l'hôpital, je me suis fait dire que
l'ablation du colon allait devenir une éventualité si les médicaments ne faisaient pas effet. Les années ont
passé et il n'y avait guère de changement. J'étais fatigué d'être obligé d'aller aux toilettes de 15 à 20 fois
par jour. J'ai consulté un autre médecin plus de six ans plus tard . À ma grande surprise, il m'a annoncé que
possiblement je ne souffrais pas de la maladie de Crohn mais bien d'une colite ulcéreuse (RCH). Lors du
premier diagnostic, je n'avais jamais mis en doute le verdict du médecin. J'ai alors passé une batterie de
tests qui ont confirmé la RCH. Je prenais alors 40 mg de prednisone tous les jours. J'avais alors 36 ans et
je me suis fait dire que la prise de ce médicament, dans mon cas, pouvait devenir néfaste étant donné qu'il ne
semblait plus être efficace contre la maladie et que plus j'allais en prendre, plus mes articulations allaient s'en
ressentir.
J'ai donc décidé de subir l'opération. Je suis rentré à l'hôpital avec l'idée d'en ressortir avec un gros
changement. Ce ne fut pas le cas. Le jour précédent l'opération, une infirmière s'est présentée dans ma
chambre avec l'intention de m'informer de ce qui allait se passer. Tout allait bien jusqu'au moment où elle a
marqué sur mon ventre l'endroit où allait être située la stomie. À ce moment-là, j'ai craqué, je me suis mis
à pleurer comme un enfant. L'on m'a fait comprendre que physiquement j'étais prêt pour l'opération, mais
c'était loin d'en être de même sur le plan mental. L'infirmière qui comprenait trop bien ce que je vivais m'a
fortement suggéré de rencontrer une personne qui avait subi le même type d'opération et de poser toutes les
questions qui me passaient par la tête afin de dissiper mes craintes. J'ai alors passé plus de deux heures
avec un homme, à lui demander comment il vivait ce changement. Lorsque je l'ai quitté, mes craintes
avaient disparu et je savais dès lors que je voulais retrouver une qualité de vie que j'avais perdue.
Le 21 août 1987 est pour moi une date spéciale car c'est à compter de ce moment-là que j'ai perdu le
besoin de savoir où se trouvent les plus proches toilettes. Je dois dire que ce fut tout de même un choc de
me réveiller et de voir cette bizarre de chose sur mon ventre. Étant donné l'ampleur de l'intervention, il faut
attendre quelques jours pour reprendre des forces. Je suis resté à l'hôpital pendant sept jours. Tous
les jours, le chirurgien ainsi que l'infirmière stomothérapeute venaient me voir. La troisième journée
suivant l'opération j'ai pu voir en quoi consistait une stomie car mon appareillage a dû être changé.
L'appareillage que j'utilise est constitué de deux pièces: l'une est collée sur la peau et l'autre est un sac . Le
tout doit être changé régulièrement. Dans mon cas, je le change tous les cinq ou six jours. Pour moi,
vivre avec ce changement fait partie de mon quotidien et c'est beaucoup mieux que d'être obligé d'aller aux
toilettes de 15 à 20 fois par jour. Fini les urgences, je vide mon appareil 5 à 6 fois par jour.
===============================================
[i][b]"On est généralement aussi heureux qu'on décide de l'être"